Une stabulation laitière en toit d’usine dans la Saône-et-Loire
Le Miroir (71)
L’objectif était clair : Concevoir un bâtiment à vaches optimisant le travail des éleveurs, maximisant la productivité de leurs vaches et, qui s'adapte aux contraintes topographiques
Confort : Un bâtiment lumineux où la ventilation naturelle a été privilégiée
Spacieux : Couloirs d’alimentation et d’exercices assez larges pour faciliter le déplacement des animaux
Fonctionnel : Les circuits ont été optimisés pour faciliter l’accès au pâturage, le tri des animaux en sortie de robot et leur manipulation
surface totale
de lait supplémentaires
incluant le terrassement, la maçonnerie et les aménagements intérieurs (salle de traite, contention, cornadis, …)
Contexte
Découvrez cette stabulation laitière robotisée de 130 places lumineuse et spacieuse, avec une ventilation naturelle optimisée. Ce bâtiment d’élevage, appartenant au Gaec de la Chagne dans la Saône-et-Loire, a la particularité d’avoir été conçu en toit d’usine.
Cette configuration atypique s’est avérée être la plus adaptée pour concilier les contraintes topographiques et les exigences de productivité des exploitants.
La genèse du projet
Après avoir exploré plusieurs pistes pour moderniser leur ancienne stabulation, les associés du Gaec de la Chagne ont fait le choix de repartir de zéro avec la construction d’un nouveau bâtiment.
Benoît Rodot, associé au sein du Gaec : « Nous avons démarré notre réflexion bâtiment en 2019. Nous avions besoin d’un bâtiment fonctionnel pour optimiser notre travail, et confortable pour offrir à nos vaches un environnement sain ».
Benoit et Romain se sont entourés de plusieurs partenaires pour concevoir leur bâtiment : la chambre d’agriculture de la Saône-et-Loire, le charpentier Roiné et l’équipementier Lely. Un travail collaboratif qui a permis d’aboutir à la réussite du projet.
Les associés du Gaec ont fait le choix de revoir totalement leur organisation de travail et ont opté pour l’installation de 2 robots de traite.
Benoît Rodot nous présente son projet : « Le terrain où nous souhaitions implanter notre stabulation présentait une forte pente, un bâtiment long aurait été compliqué à implanter. C’est pourquoi notre bâtiment est large, carré. Nous souhaitions un bâtiment très lumineux et confortable pour le troupeau pendant les fortes chaleurs. Nous avons donc porté une attention toute particulière à la ventilation naturelle.
Les toits d’usine, se sont vite imposés comme la solution idéale pour faciliter la circulation de l’air tout en laissant passer la lumière. »
Les spécificités du bâtiment
La stabulation libre vaches laitières de 2 081 m² a été mise en route en avril 2021.
Le bâtiment loge uniquement les vaches en production. Les veaux, les génisses et les vaches taries sont logés dans un autre bâtiment.
130 places VL au couchage / Logettes matelas litière paille broyée / 110 places au cornadis.
Un bâtiment lumineux et bien ventilé
Benoît R. : « Le bâtiment est composé de 6 rangées de logettes avec 2 monopentes en décalé. Sur les bipentes, les couvertures ont été décrochées par rapport aux appentis pour favoriser la ventilation naturelle.
Des ventilateurs ont été prévus en complément pour accélérer la circulation de l’air pendant les périodes de fortes chaleurs. 2 filets brise vent ont été installés sur les longs pans (est et ouest) pour éviter la pluie et la neige sur les couloirs d’alimentation. Ces filets sont ouverts 95% du temps. Nous avions demandé à Roiné des translucides en toiture pour apporter davantage de lumière dans le bâtiment. Finalement, après plusieurs mois d’utilisation, nous observons que l’apport de lumière sur les côtés aurait été suffisant. »
Une stabulation en toit d’usine spacieuse et fonctionnelle
Benoît R. : « L’aire de vie est spacieuse, ce qui facilite la circulation. Les vaches sortent au pâturage de février à octobre et ont accès aux parcelles pâturables dès la sortie du robot. Lorsqu’elles sont dans le bâtiment, elles ont accès à un couchage confortable sur logettes avec matelas. Pour la litière, nous déposons sur chaque logette 50 kg de paille broyée/jour. Nous sommes bien loin des 700 kg de paille journaliers utilisés pour pailler notre ancienne stabulation. Cette nouvelle pratique nous a permis de réaliser une belle économie et gagner du temps dans notre travail. Côté logettes, il nous reste encore quelques réglages à trouver pour parfaire le confort de couchage.»
La robotisation : un confort de travail pour les éleveurs
Pour réduire leur charge de travail et améliorer leur qualité de vie Benoît et Romain ont choisi d’automatiser certaines tâches. Benoît R. : « Nous avons commencé par robotiser la traite en investissant dans 2 robots Lely A5. Ce passage de salle de traite vers deux robots a changé notre organisation de travail. Une porte de tri intelligente en sortie des robots facilite les mouvements des animaux. Les vaches peuvent converger vers leur pâture ou, nous pouvons décider de les déplacer vers une case d’isolement (avec logettes) ou l’autre (en aire paillée).
Nous réalisons du parage préventif au tarissement. Pour faciliter cette tâche, nous avons installé une case de parage près des robots.
Nous avons ensuite investi dans un repousse-fourrages automatique : le Lely Juno. Le Juno garantit la présence de fourrages devant les vaches en permanence et stimule l’ingestion.
Et enfin, nous nous sommes équipés de deux robots : le robot Lely Discovery qui racle les caillebottis, et le robot Lely Collector conçu spécialement pour aspirer le lisier sur les sols pleins. »
L’avis du concepteur
Stéphane BERTHUET, concepteur Roiné : « Avec des températures estivales qui augmentent d’année en année, les animaux sont de plus en plus sujets au stress thermique. Chez Roiné, nous sommes donc particulièrement attentifs à l’implantation des bâtiments d’élevage, facteur clé pour favoriser la ventilation naturelle. Pour bénéficier de l’effet vent l’été, il est nécessaire que le site soit exposé au vent.
Le bâtiment du Gaec de la Chagne est orienté est-ouest, et a été implanté en perpendiculaire par rapport aux vents les plus fréquents.
Les pans verticaux de la toiture sont, quant à eux, exposés à l’est.»
Les avantages et le retour sur investissement
Un investissement nécessaire pour travailler dans de bonnes conditions
Benoît R. : « L’investissement global était d’environ 900 000 €. Ce montant inclus tous les postes : le terrassement, la maçonnerie, la charpente et robots de traite. Nous avons obtenu 90 000 € de subventions dans le cadre du PCAEA, ce qui nous ramène à un investissement de 6 833 €/place (calcul réalisé sur une base de 120 VL, les installations robot étant dimensionnées pour ce nombre). Grâce à cet investissement, nous travaillons dans de meilleures conditions. Nous n’avons qu’un regret. Si nous refaisions le bâtiment, nous aurions opté pour une isolation de la toiture, pour limiter la chaleur de l’été.»
Un troupeau en meilleure santé avec des économies à la clé
Benoît et Romain ont observé une progression significative de leur production.
Benoît R. : « Depuis notre installation dans cette stabulation, nous livrons à la laiterie 250 000 litres de lait supplémentaires. L’état sanitaire du troupeau s’est amélioré, les résultats cellules sont aussi beaucoup mieux. Auparavant nous avions régulièrement du lait déclassé, ce qui n’est plus le cas.»